Histoire réalisée pour le « Kit transculturel Covid-19», édité par l'Association Internationale d'EthnoPsychanalyse (AIEP) et le Centre Babel (Centre de ressource européen en clinique transculturelle). Leur site internet
Cette BD s'inscrit dans le cadre d'une série de kits pédagogiques à destination des adolescents migrants et de leurs familles, confinés en France dans des conditions difficiles. D'autres kits avec de nouvelles BD seront mis en ligne prochainement sur le site de la Maison de Solenn, maison des adolescents de l'hôpital Cochin à Paris.
Aujourd'hui, sur le site internet de la Revue XXI, j'ai publié un dessin qui me tient à cœur. Il s'agit à l'origine d'une carte postale que j'ai tirée à 2000 exemplaires pour rendre hommage à mon
bureau de poste, qui a fermé le 8 juin dernier. J'aimais ce bureau où le temps semblait s'être arrêté, où les postiers prenaient le temps d'expliquer aux personnes âgées comment pré-affranchir
une lettre recommandée à la borne automatique, où flottait une atmosphère paisible de province, en plein cœur du 12e arrondissement de Paris. Mais surtout, j'aimais son
nom : « Paris-Tahiti ». Que j'avais grand plaisir à faire figurer sur mes lettres en allant les faire tamponner à la main au guichet. Comme me l'écrivait joliment un ami, ce cachet, « non content
de faire foi, faisait aussi rêver ».
J'en ai envoyé à mes amis et je suis allée les distribuer dans les commerces de mon quartier. J'en ai distribué plus de mille. Dans les boulangeries, les librairies, les cafés, les pharmacies,
les salles d'attente, au kiosque citoyen. J'ai fait de belles rencontres. Une dame qui a travaillé 40 ans à la Poste, à l'époque du télégraphe. Un ancien cheminot cégétiste qui m'a offert un
dinosaure en plastique. Des gens tristes, choqués ou franchement en colère. Aussi des gens pressés, ou qui s'en foutaient. Normal.
J'ai dessiné cette carte sur le coup de l'émotion. Je me doutais bien que ça n'allait pas sauver mon bureau, que c'était trop tard, que de toutes façons les gens ne s'envoyaient plus de lettres
(quel dommage). Mais ça me crevait le cœur de le voir s'éteindre dans l'indifférence.
Alors je l'ai envoyée à la Revue XXI et à mon grand bonheur ils ont décidé de la publier en « Lettre prioritaire ». Je suis contente car cela va permettre de déborder le cercle amical et vicinal.
Je voudrais que tout le monde sache que ce bureau a existé.
Si cette histoire vous a touchés, si vous aussi vous déplorez le démantèlement du Service Public dans notre pays, si vous êtes amateurs d'art postal, si vous aimez la lenteur, n'hésitez pas à
faire tourner ce dessin, en partageant le lien de l'article de la revue :
http://www.revue21.fr/dessin_du_lundi/paris-tahiti/
Ou bien en aimant cette page sur Facebook :
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Vous l'aurez peut-être deviné, je ne suis ni sur Facebook, ni sur Twitter, ni sur le dernier réseau social à la mode… Je ne juge pas les gens qui en font partie, je trouve ça très pratique. Mais
comme le chantait Alain Souchon dans « La beauté d'Ava Gardner » :
J'aime les regretteurs d'hier
Qui trouvent que tout c'qu'on gagne, on l'perd
Qui voudraient changer le sens des rivières
Retrouver dans la lumière
La beauté d'Ava Gardner
Pour le savoir, allez faire un tour sur le site du Collectif des créatrices de bande dessinée contre le sexisme, dont je fais partie ! Vous y lirez des témoignages sur "ce que ça fait d'être une famdanlabédé" ainsi que des propositions pour que les choses avancent.